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Menace sur leur site : Les femmes transformatrice de Khelcom élaborent une stratégie de lutte



L’Organisation LSD ,partenaire de ces femmes transformatrices de poisson du site khelcom de Bargny soutient cette communauté depuis 2010. Lumière Synergie Développement avec les femmes luttent contre l'implantation au cœur de ce village d'une centrale à charbon de 125 MW (Sendou) cofinancé par la Banque Africaine de Développement, la Banque néerlandaise de développement et la Banque Ouest Africaine de Développement. Pourtant ces banques ont des politiques de sauvegardes environnementales et sociales, mais souvent celles-ci ne sont pas souvent respectées dans le cadre de leurs investissements, ce qui accroit la vulnérabilité des communautés face aux impacts environnementaux et sociaux.



Le projet de construction de la centrale électrique à charbon de Sendou a démarré en 2009 sans une consultation adéquate . Ainsi, les titres de propriétés détenus en majorité par les victimes de l'érosion côtière ont été expropriés sans une indemnisation juste et équitable.


Plus de 1000 femmes transformatrices de poissons ainsi que des travailleurs saisonniers risquent de perdre leurs moyens de subsistances. En outre, ces femmes transformatrices sont aujourd'hui contraintes de cohabiter avec une installation classée dangereuse pour l'environnement et les établissements recevant du public en violation du code de l'environnement du Sénégal (Article L13).


Au début de l’engagement de LSD sur ce projet, la plupart de la communauté ne connaissait rien de la centrale à charbon, surtout les femmes qui travaillaient juste à côté du mur de clôture du site. D’une part, Bargny est une communauté traditionnelle africaine, une société patriarcale où les femmes sont quasi absente des débats publics et ne participent pas à la prise de décision. Aussi, depuis la plainte que LSD a déposé contre les banques en 2016 et 2017, LSD a travaillé avec une association locale nommée Takkom Jerry, dirigée exclusivement par des hommes, avec des résultats mitigés.


Cependant, connaissant la place et le rôle que peuvent jouer les femmes dans ce dossier, nous avons revu notre stratégie depuis 2018, pour faire d’elles le fer de lance de la résistance contre ce projet inopportun. Et c’est justement avec Womin Alliance, une organisation membre de GAGGA que nous avons réussi à obtenir des changements majeurs dans cette lutte.


Ce partenariat était basé sur le consentement libre et éclairé, la recherche action participative, la justice climatique, les techniques de communication, de plaidoyer lobbying, l’usage des réseaux sociaux, les droits des femmes dans la législation sénégalaise.


Cette résistance organisée pour la promotion du genre, le respect des droits des femmes et la justice climatique par la BAD est une expérience unique depuis la création de la BAD et a permis de bloquer le projet de la centrale à charbon depuis10 ans.


Mais cette année, un autre défi est venu s’ajouter à la lutte de femmes. En effet, Tosyali Holding Sénégal, une entreprise turque et filiale de Tosyalı Dış Ticaret A.Ş., qui a signé́ avec le gouvernement sénégalais un accord pour l’exploitation des minerais de fer de la Falémé estimés à 2,5 Mds USD, pour une durée de 25 ans. Ainsi, Tosyali veut installer un complexe minier sidérurgique avec un objectif de produire 3 millions de tonnes d’acier par an, sur le même site où sont établies les femmes.


A titre de rappel, les femmes de Khelcom sont en contentieux sur ce site depuis 2016 avec la Compagnie d’Électricité du Sénégal (CES) qui a construit une centrale à charbon sur leur site de travail. Un des accords à mi-parcours de ce conflit a été de maintenir les femmes sur le site tout en modernisant la plateforme où elles travaillent.


Malheureusement, en voulant installer son usine là-bas, Tosyali n’a pas exercé une diligence raisonnable en matière de droits de l’homme pour évaluer les risques que vont engendrés ses opérations à Bargny, spécifiquement sur les femmes transformatrices de poissons.


Pire encore, le 03 juillet 2018, Tosyali Holding Sénégal a fait arrêter les travaux de construction de l’entrepôt des femmes transformatrices de poissons (un don de la Société Nationale d’Électricité-SENELEC) par le biais du Préfet de Rufisque. Aujourd’hui, Tosyali harcèle les femmes sur le site et projette de les délocaliser sans leur consentement : En effet, Tosyal a fait 3 incursions sur le site des femmes pour procéder à des relevés topographiques (le 17, 18 et 25 août 2020) sans les avertir, ni même leur proposer un plan de réinstallation.


En conséquence, le 27 août 2020, LSD et l’Association des femmes ont porté plainte contre Tosyali auprès du PCN turc de l’OCDE pour violation des Principes Directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises Multinationales et cette plainte suit son cours.


Ainsi, avec le soutien d'Urgent African Fund, LSD organise un atelier de stratégie avec une quinzaine de femmes leaders de Khelcom les 12 et 13 décembre 2020 à Saly.



L’objectif principal de l’atelier est de formuler une stratégie de résistance contre toutes les tentatives de d’occupation forcée du site de transformation de poisson de Khelcom par des projets industriels et particulièrement par Tosyali Holding Sénégal .


Entre autres objectifs ,identifier et analyser avec les femmes les dangers et impacts potentiels que va engendrer le nouveau projet sidérurgique ; les forces et faiblesses des femmes en matière de plaidoyer lobbying ;formuler une stratégie et un plan d'action de plaidoyer/lobbying pour la protection des droits et des intérêts des femmes transformatrices de poissons de Khelcom .

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